|
Oui, c'est bien le retour que souvent tu rêvas,
Retour par une nuit d'été. Le train s'en va.
La lune, dans le ciel, bouge comme une hostie
Aux mains pâles d'un grand évêque violet;
Et l'on voit - et c'est bien n'est-ce pas son reflet?
Une autre hostie, aux carreaux de la sacristie.
Il est triste que par un ciel d'été si bleu
Cette lune soit seule ànous parler de Dieu.
On se sent, dans la nuit, si faible et sans défense
Que l'on se fait un cœur malléable d'enfance.
On a si peur de mal penser, que l'on croirait,
Si quelque ange passait, là-bas, sur la prairie.
Brume des prés! Linges tout blancs dont on parait,
Enfant de chœur, l'autel pour le mois de Marie!
Mais l'ange aux pieds d'argent, vois-tu, n'est pas venu,
Seule, une cloche bouge et tinte dans l'étable.
Bethléem, Bethléem! sur le bœuf lamentable,
Un ciel pareil rêvait, sur l'âne et l'enfant nu.
La cloche encor ... le bœuf. ..
Est-ce un taon qui le pique ? Et, là-bas, la maison où, roulant dans ses draps,
Jeanne change de rêve en étirant ses bras.
Le vent pleure comme un poète romantique. |