O LE CHANT DE LA PLUIE
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O le chant de la pluie
“ Par terre et sur les toits …
O le chant de la pluie ”
Paul Verlaine
La colline dormait, et son reflet jouait en ronde-bosse sur le miroir de la mer. C’était un matin d’avril léger où les cerisiers s’éveillent et s’émerveillent. Aussi la colline en était rose.
L’écume des fleurs flottait sur l’eau marine et festonnait les vagues d’éventails dentelés. La colline entière se mirait, inconsciente de sa beauté. Elle semait l’existence éphémère de ses fleurs. La mer respirait d’une légère brise, et les parfums des cerisiers s’y mêlaient en tourbillons serrés. Un envol de papillons jaunes et blancs tremblait dans les vents ascendants, ? l’assaut des embruns.
Dans le miroir des transparences, le monde entier : la mer rose des cerisiers, les papillons tremblant, et l’immensité lovée dans la caresse d’une vague.
C’est alors qu’il plut.
Une première goutte, dense comme une perle.
Une perle ? une oreille aimée.
Puis une autre, beaucoup. La pluie dans le ciel, la mer et la colline, qui soudainement s’engouffrent dans la métamorphose des couleurs et des sons. Ce fut une ombre.
Ce fut une ombre plus vaste que les immensités des mers et des montagnes. Ce fut une ombre immense qui faisait grisailler le paysage, glaçant les couleurs vives, leur donnant un ton sourd mais ? des multitudes de profondeurs variables.
Ce fut une ombre immense qui flottait. Ondulations d’une valse de Vienne, des longues robes des danseuses ; flottent les jupons aux tourbillons du vent du large.
Il pleuvait, d’un mouvement diffus, d’un mouvement confus, qui serrait la colline au plus profond de son étreinte. Il pleuvait d’un amour sans bornes et sans frontières, dans un corps sans contours, dans un corps sans détours, sans brisure et sans plaies, dans un baiser de paix, dans un baiser d’amour d’une houle profonde.
Il pleuvait, ici, et même le lointain ondoyait sous l’archet.
Il pleuvait sur la baie entrouverte, sur la forêt de pins, émeraude montante, il pleuvait sans retour sur la mer accueillante, dans la bénédiction d’une conciliation, d’une union renouvelée.
Il pleuvait d’un immortel instant ; dans le temps effacé, dans le temps emporté, englouti ; feuille mauve des souvenirs au large que des yeux amoureux regardent s’éloigner dans un dernier adieu, agitant dans le vent le doux mouchoir de lin aux glycines brodées dont les sépales comme des papillons s’envolent ? leur tour, ultime et terminale caresse sur la borne finale de la vie.
Il pleuvait, et dans les plis drapés de son immensité, l’âme inconnue s’écoulait partout et nulle part. Une présence chantait dans le grelot fin des gouttes proches et les voix sourdes de l’avalanche des ondées. Sur les crêtes, les pins s’inclinaient d’une voix lointaine, douce et feutrée. De partout, les murmures ruisselaient en cascade et montaient en un bouquet multicolore de sons qui jaillissaient de la colline comme une orgue.
***
Amie immense, claire et belle, aux cent mille yeux humides de rosée, teintés des profondeurs des larmes, amie très chère, amie de l’autre monde, dis-moi, pourquoi viens-tu ? moi ainsi parée de la plus belle des âmes ? Amie des jours anciens, amie des jours ? naître, amie des jours que je ne verrais plus, sauf dans l’œil des glycines, dis-moi pourquoi je t’aime aux tréfonds de mon être ? Quel fil de harpe as-tu tendu en moi, pour que je sois ainsi l’écho de ta présence ? L’appel que tu me lances me retient dans le port ; au grand large où l’on meurt, je préfère ton corps. Et ton âme diaprée a toutes les clartés pour mon âme espacée. Amie, sur la colline je reconnais tes pas, je reconnais ton chant, je reconnais ta voix, je sens vibrer tes mains et tes doigts aériens, je te sens traverser les ondes et les nuées, et je te sens bercer ce monde.
Amie, parfois la tristesse t’habille, tu passes dans ce long paysage, marchant ? pas de chat, retenant dans ta robe des pétales de pluies que tu sèmes d’une main grise et pâle ; et tu souris.
Ton visage distrait semble éclairé de lune, et tes yeux me regardent avec des profondeurs d’abîme comme au-del? de moi ; mon âme y plonge sans vouloir de retour.
Et toi tu continues sur ton chemin de soie qui vole ? travers les nuages, si loin, si loin. Tes pas lentement s’y posent comme l’aile de l’oiseau effleure l’air léger.
Ta silhouette ? travers les ondées s’illumine d’éclairs, et tu passes, divinité lointaine sur les plus hauts sommets où l’âme humaine tremble du tonnerre des Dieux.
Amie renouvelée, quand tu viens je m’en vais ? ta rencontre ailée. Une correspondance étrange nous unit tous les deux.
Entre tes doigts bleus je mets mes doigts glacés. Ton corps froid me réchauffe mieux qu’un feu de bois mort. A mon tour je souris de ta bonté céleste en attendant le jour où je t’appartiendrai.
***
Amie, te voil? donc, ce jour sur la colline adossée ? la mer. Tu tisses un paysage de fibres translucides et les nœuds que tu noues avec tes doigts de ciel brillent de gouttelettes qui tombent de tes yeux.
Amie, dans le bleu paysage, je te revois passer, tandis qu’un papillon s’engouffre sur la mer au vent de mes pensées.
Et ton chant l’accompagne.
9 juillet 2001, Acca, accident de chasse, Affouage, Arbre, Association syndicale, Avocat environnement, Bandite, bois, Bois communaux, Boisement, Bourdaine, Champignon, chasse, Chasse en forêt, Chemin d’exploitation, Chemin rural, Chêne truffier, Chute d’arbre, Chute de branches, Code forestier, Coupe abusive, Coupe extraordinaire, CRPF, Débardage, Débroussaillage, Débroussaillement, défrichement, dégâts de gibier, Droit de chasse, droit forestier, eaux et forêts, Engref, Entrepreneur forestier, espace boisé, Expert forestier, Expertise agricole, Exploitation forestière, Forestier, forêt communale, Forêt de protection, Forêts, glycines, Groupement forestier, incendie forestier, Inventaire forestier, L. 130-1, Mayotte, Monichon, Morts-bois, Parc forestier, peupleraie, peuplier, Plan de zone sensible, Plan simple de gestion, Poésie, Processionnaire, régime forestier, Sérot, Soumission au régime forestier, Vent violent, Voirie départementale.