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LE PRESIDENT AU BOIS

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Le Président au bois

- Il était une fois un Président de la République ...

Tu sais, drôle, que le Président de la République, c’est quelqu’un de très important ?

- comment ça ?

- Toi, dans ta classe, il y a bien un premier ? Et bien, le Président, c’est le premier des Français.

- Il a beaucoup de bonnes notes ?

- Eh ! Si tu veux. En fait, il a beaucoup travaillé, et c’est le meilleur.

Or donc, il y avait un Président qui habitait dans un château ...

- C’est pas vrai ! Encore une histoire avec un château et un roi ?

- je te dis qu’il vivait dans un château.

C’est vrai ! Même que ce château est ? Paris, et s’appelle l’Elysée !

Ce président, tu sais, avait beaucoup de travail.

Comme tous les Présidents, il décidait de beaucoup de choses.

Et pas seulement en France, mais aussi avec d’autres pays.

- Au-del? des montagnes ?

- Oui, au-del? des montagnes, et des mers.

Ce président l? , je te l’ai dit, vivait ? Paris.

Paris, c’est une belle ville. Peut-être la plus belle, même.

Avec beaucoup de monde, de travail, de joies, de soucis même ...

C\'est le cas de ce Président : il avait du travail, des joies et des soucis.

On a beau dire, cela fatigue un jour.

Et justement, ce jour l? , le Président s’était levé un peu plus tôt que d’habitude, et regardant les premiers rayons filtrant du soleil dans le jardin, il en eut l’âme chatouillée.

C’était que ce Président l? n’avait pas la tête dans les nuages, ni au fond d’un tiroir comme tant de gens d’aujourd’hui.

Non. Il avait des racines, quelque part dans notre belle campagne.

Il savait reconnaître un beau champ, une belle terre, une belle forêt, une jolie demeure ...

- Il savait aussi jouer de la flûte ?

- Bien sûr ! Un Président, ça sait faire beaucoup de choses.

Je te disais donc que ce matin l? , il avait l’âme bucolique.

Ce n’était pas la première fois, mais l? , une petite voix intérieure lui susurrait avec une plus grande insistance qu’? l’ordinaire :

- et si tu allais te promener, un peu ?

Il fait si beau !

Mais une autre voix lui répondait :

- ah ouiche ! Te promener ? Avec le métier que tu fais ? Oublies-tu que tu ne t’appartiens pas, mais que tu es la République ? Et si tu n’es plus l? , où sera-t-elle ? Et d’ailleurs, n’as-tu pas des rendez-vous aujourd’hui ?

- C’est vrai, pensa le Président, qu’ai-je ? faire aujourd’hui ?

Où est ma note d’emploi du temps ?

Il se tourna vers son secrétaire, et ne tarda pas ? la trouver.

Il égrena alors entre ses lèvres :

- 9 h, entretien avec le nouvel ambassadeur d’Allemagne ; ça, ce n’est pas urgent, on doit pouvoir le différer facilement ;

- 10 h, accueil des lycéens de Plougastel ; ça, c’est plus gênant de ne pas y être ; j’en parlerai ? l’attaché ; il doit pouvoir trouver un palliatif ;

- 11 h, conseil privé au sujet du nouveau sous-marin nucléaire ; un de plus, cela peut se décaler ;

-12 h 30 : repas avec le Président de l’Assemblée ; ce bon vieux Philippe me pardonnera ; et un sourire fusa sur le visage du Président, au rappel de la vieille amitié qui les liait.

Alors, la première voix reprit :

- tu vois bien que tu peux !

Et la seconde objecta encore :

- et comment vas-tu échapper aux journalistes, toujours aux aguets ?

L? , le Président se sourit ? lui-même, en regardant sa montre :

- ? cette heure ci, il y en a bien peu, peut-être pas un seul, même ?

Les plus matinaux doivent en être au café croissant.

Si je ne tarde pas, c’est jouable, et puis, je serais vite rentré !

Il griffonna les consignes nécessaires, pour son attaché, et les mit ? la place ordinaire.

Puis, il descendit.

Un homme vint ? sa rencontre.

- Zut ! Pensa le Président, pas moyen d’échapper ? la garde rapprochée.

Tant pis, je vais en diminuer le nombre.

Et il donna les ordres pour qu’il n’y ait pas plus de quatre personnes d’accompagnement, en espérant être obéi.

Le chauffeur n’étant pas encore en poste, ce fut un agent de sécurité qui prit le volant.

Le Président s’assit ? l’arrière, et donna l’ordre de sortir de Paris.

Il n’y avait pas grand monde dans la rue.

Le chauffeur avait un itinéraire étudié, et l’on fut bientôt dans la couronne verte de la capitale.

La voiture continua de rouler.

***

C’était une lisière d’arbres frais.

Par ce matin du mois d’avril, on sentait même le parfum du muguet qui abondait dans ce canton.

Le Président fit signe de s’arrêter ? la première occasion.

Un petit chemin se présenta, et les deux voitures s’y enfilèrent.

Le Président marchait sur la sente, et les agents le suivaient tout autour, ? l’exception d’un de ses gardes personnels qui marchait après lui.

Le Président respira ? pleins poumons et dit avec satisfaction :

- quand même, l’air est plus vif et frais qu’? Paris !

- Oui, Monsieur le Président, dit le garde.

- Et regardez-moi ces feuillages ! Comme les teintes sont vives !

Même dans le jardin du Palais, les teintes ne sont pas d’un aussi joli vert tendre.

A ce moment, un oiseau chanta. Et le Président s’exclama :

- un coucou !

Cela fait longtemps que je ne l’avais pas entendu, et ça me rappelle mon enfance !

Et le Président marchait, de son pas ferme et assuré, détaillant les curiosités botaniques, une magnifique orobanche, un saule marsault curieusement pleureur ...

Il avait toujours été un fin connaisseur de la nature.

- A vrai dire, dans son entourage, il n’y avait que ceux qui le rencontraient pour la première fois qui s’étonnaient de l’étendue de ses connaissances dans bien des domaines.

Il devait être dix heures quand le Président s’excusa.

Le garde comprit immédiatement, donna un léger coup de sifflet.

Le Président quitta le chemin pour s’enfoncer dans le taillis-sous-futaie, afin d’y soulager un rapide besoin.

- C’est alors, vois-tu, drôle, que dans la tête de bien des gens, il peut passer des idées bizarres.

Même chez les adultes, même chez les plus grands d’entre eux, il peut arriver qu’ils aient envie de s’amuser un peu.

- Et alors, c’est bien normal ?

- Oui, oui, bien sûr.

Mais enfin, pour les grands, ce n’est pas tout ? fait pareil.

Tu sais, quand on a un rôle sérieux, les gens croient plutôt qu’on doit l’être, même si on a l’idée de s’amuser.

- C’est méchant !

....

- Or donc, la même petite voix lui dit :

- et si tu voulais de trouver un peu seul, sans être éternellement encadré, si tu leur faussais compagnie, oh ! juste quelques minutes ?

Histoire aussi de leur faire peur, et de tester leur efficacité ?

L’idée le fit sourire et le tenta.

Il la mit en application.

Il choisit un endroit où la forêt était un peu plus dense, se mit ? courir dans cette direction.

Il n’avait pas souvent l’occasion de courir ; il y prit plaisir, mais fut un peu essoufflé.

Il atteignit le taillis, et s’engouffra.

Déj? des voix résonnaient :

- Monsieur le Président ! Monsieur le Président !

Le Président s’enfonça plus avant.

Les appels recommençaient, avec un ton plus haut, qui témoignait d’une certaine inquiétude.

Mais le Président redoubla d’ardeur.

Il atteignit un endroit où s’ouvrait un petit vallon, dans une clairière.

Un dolmen était ombragé par un chêne séculaire.

Le Président s’y dirigea.

Les agents de sécurité auraient du facilement le rejoindre, car, experts en la matière, ils avaient repéré le taillis ? quelques branches cassées récemment par le passage du Président.

Mais en fait, ils ne le pouvaient, car le Président allait faire l? une rencontre extraordinaire.

A croire que cette journée n’était pas une journée comme les autres, que depuis le matin même, un chef d’orchestre invisible avait tout organisé, ? l’invite profonde, peut-être, du Président.

***

- Me crois-tu, drôle, si je te dis que l’enchanteur Merlin lui-même, habitait cette forêt ?

- Pourquoi veux-tu que je ne te croie pas ? Elle n’est pas vraie ton histoire ?

- Mais si, mais si. Et tu fais bien, crois-moi.

L’imaginaire est une vérité plus essentielle que la réalité.

- quoi ?

- Rien. Ecoute.

Or donc, le Président s’était assis, ? l’ombre du dolmen, sur une petite dalle, qui semblait avoir été posée l? exprès.

Il entendait les voix se rapprocher.

Il avait suffisamment joui de sa plaisanterie, et avait décidé d’attendre les agents, en pensant aux petites phrases qu’il devait prononcer quand on le rejoindrait.

Un agent apparut ? la lisière de la clairière, et descendit dans le vallon, en direction du dolmen, suivit de près par un autre.

Le Président se disposait ? lancer une phrase d’un ton joyeux, quand l’agent, ? quelques mètres de lui, sembla hésiter, et au lieu d’aller droit au dolmen, le contourna, en disant :

- rien par ici !

Le Président se leva, et regarda le second agent venir vers lui, et lui lança :

- alors, fin limier, n’est-ce pas ?

Curieusement, l’agent ne semblait pas le voir, et il répondit :

- rien non plus par ici !

De surprise, le Président se rassit.

C’est alors qu’une voix flûtée lui lança :

- bonjour !

Puis une ombre se profila, qui devint forme nette, et s’assit ? proximité du Président.

Celui-ci, imperturbable, demanda :

- qui êtes-vous ?

- Je suis l’Enchanteur.

Et l’autre ajouta :

- comme vous voyez, Monsieur le Président, votre garde ne vous voit plus.

Elle ne peut plus non plus vous entendre.

Vous n’existez plus ? ses yeux.

Pouviez-vous rêver mieux, ce matin, dans votre tentative d’évasion passagère ?

- En effet, incroyable, si ce n’était vrai. Et c’est donc vous, qui ... ?

- Oui !

- Et bien voil? qui intéresserait fort certaines personnes de mon entourage !

Merlin cligna des yeux, et fit un sourire :

- Monsieur le Président ! Vous pensez bien que vous n’êtes pas le premier ? me faire la remarque.

Depuis le bon roi Arthur !

- Je comprends. Je n’insisterais donc pas.

Quand même ...

Un rayon de lumière tomba sur un écureuil qui jonglait dans l’herbe avec un chapelet de glands, et lustra sa fourrure rousse de reflets dorés.

Le Président était un peu embarrassé.

Il avait suffisamment cultivé l’art de la parole, les sujets de discussion si variables entre les personnes, les formules, les mots ? employer en toutes circonstances.

Mais celle-ci était si exceptionnelle, que rien n’avait été prévu, et qu’il en était réduit ? sa propre nature.

De quoi donc pouvait-on parler ? un Enchanteur ?

Merlin le tira de l’embarras en lui disant :

- je sens bien que vous êtes en train de chercher.

Ne vous donnez pas ce mal.

Croyez-vous que je sois ici par hasard ?

Le Président fut un peu interloqué, puis répondit :

- ma foi, je n’en sais rien.

- Et bien, considérez que depuis ce matin, vous êtes guidé par une nécessité intérieure, qui n’est pas sans rapport avec des causes plus complexes.

- Me voil? bien avancé.

Que voulez-vous dire ?

- Tut tut ... Que voulez-vous voir ou savoir ?

- Vous voulez dire que je peux voir ce que je veux ?

- Parfaitement.

Réfléchissez bien.

Et l? , Merlin caressa sa barbe parsemée de fleurs d’églantines, qui embaumaient.

Alors, le Président, sans hésiter :

- j’aimerais revoir mon père ou ma mère, qui sont morts, il y a si longtemps ; mais cela est impossible, naturellement ...

- Qui vous parle de nature ? Il n’y a ici que des charmes, fruits d’une science au-del? des croyances rationnelles.

Regardez.

De derrière un noisetier apparurent un homme et une femme ; le Président se précipita vers eux.

- Papa, Maman !

Ce furent des retrouvailles, comme il y en a peu.

Après les effusions, dont le Président était riche, son père lui dit, en lui donnant une forte accolade :

- je me souviens du temps où on jouait aux billes, dans la cour ...

Le Président eut un sourire du fond de l’âme, et ajouta :

- oh ! tu sais, il est vrai que les billes ont changé, mais d’une certaine manière, je joue encore, je lance des idées, des projets, qui souvent roulent loin, et brillent au soleil ...

- Tu as toujours des boutons ? dit la mère.

- Non, non, reprit le Président, je t’assure que je vais très bien.

En pleine forme.

Et ils parlèrent ainsi longtemps, longtemps, en un temps qui semblait ne pas avoir de fin, comme un ruisseau s’écoule sans fin ni dessein.

Ils étaient hors du temps.

Puis le Président, s’adressant ? Merlin, lui dit :

- j’imagine que votre pouvoir s’étend aussi au futur ?

Pouvez-vous me faire voir ma descendance ?

Merlin fit un signe.

Une forêt d’arbres transparents et cristallins apparut, et de derrière chaque tronc se dégagea une personne, qui vint ? la rencontre du Président.

Ce fut d’abord comme une file, un ruisseau, puis un fleuve, et enfin presque une mer.

Il en sortait de partout.

Le Président était ébahi. Il était doublement embarrassé.

D’abord, parce que bien qu’habitué ? serrer des mains, il y en avait tant, qu’il ne savait où donner de la tête.

Ensuite et surtout, parce que bien qu’étant de son sang, toutes ces personnes étaient inconnues pour lui, et réciproquement.

Si bien que les effusions furent ici vite teintées de quelques glaces.

Il discuta toutefois avec quelques descendants de la 231ème génération, qui étaient curieux de connaître cet éminent ancêtre.

Mais ? la fin, il se lassa. Merlin fit un geste.

Tout s’effaça.

L’enchanteur et le Président restèrent tête-? -tête.

- Et bien qu’en pensez-vous ? fit l’enchanteur.

- Merveilleux, prodigieux, incroyable, on croirait rêver ! fit le Président enthousiasmé.

Et il ajouta :

- et dites donc, votre science du futur, ça marche aussi pour les élections ?

Merlin eut un sourire, et répondit :

- nous verrons ça plus tard ...

Mais maintenant, il y a quelqu’un qui souhaiterait vous voir.

Et sur ce, il fit ? nouveau un signe.

Dans un faisceau de lumière apparut un chevalier ? une tête.

Il montait une licorne blanche, et sur son écusson flamboyait un chardon bleu sur champ d’azur.

La licorne vient piaffer ? quelques mètres du Président ; le chevalier releva la visière de son casque, et dit :

- or donc, fier Sire, tu es donc un de mes lointains descendants ?

Le Président était quelque peu stupéfait par l’allure de ce personnage sorti tout droit de la quête du Graal, et dont il n’avait jamais entendu parler.

Il ne voulut toutefois pas laisser percer son ignorance, et adoptant un ton de circonstance, il répondit :

- certes, Messire.

- Et pas des moindres, ? ce que l’on m’a dit ...

Ici, le chevalier ouvrit de grands yeux, incrédules :

- il paraît même que tu es le premier parmi tes pairs ? Cela me paraît chose peu croyable.

Tout aura donc changé ? ce point que l’ordre vassalique, basilique du Royaume et du monde connu, se sera donc effondré ?

Car bien qu’étant de noble lignage, moi et mes pères n’avons aucun droit sur la couronne.

Le Roi est notre aimé suzerain.

Le président, toujours fin d’esprit et d’âme, eut quelque scrupule ? répondre, tant il éprouvait une certaine peine ? désobliger son ancêtre en lui expliquant l’évolution du monde.

Il y renonça d’ailleurs, car comment faire comprendre la République ? un esprit modelé par le moyen-âge ?

Il répondit simplement ? cet homme du temps des premières cathédrales :

- il a coulé beaucoup d’eau sous les ponts.

Et comme les rois de France jadis s’étaient fait élire, j’ai suivi la même voie.

- Si fait, si fait ? répondit le chevalier au chardon bleu, en caressant une courte barbe blanche, et au comble de l’étonnement.

Par Saint-Georges, j’en suis fort aise pour les miens ! Viens que je t’embrasse, Fils !

Ce fut une effusion gaillarde.

Il y eut encore quelques échanges, puis le chevalier repartit dans la lumière où il finit par se fondre.

Au moment où il disparut, le Président crut discerner une vaste plaine sèche que dominait une colline coiffée d’un château fort imposant.

- Il y a encore quelqu’un qui veut vous voir, dit Merlin.

- Décidément, fit le Président avec un sourire amusé, c’est un emploi du temps aussi chargé qu’? l’Elysée !

Qu’il entre ! fit-il avec une emphase jouée.

Il s’ouvrit un champ de luzerne d’un vert pâle semé de nombreux coquelicots flânant au vent, sur ciel bleuté de quelques nuages.

Un petit lapin blanc en sortit, qui vint débouler aux pieds du Président.

Celui-ci était amusé.

Il serra la patte que lui tendait le petit animal, et se tournant vers Merlin, lui dit :

- et que peut-on pour ce petit demandeur ?

Merlin lui fit un signe du menton en désignant le lapin.

Celui-ci, se mit ? parler, d’une petite voie aiguë.

- Monsieur le Président.

Quel bonheur pour moi de vous voir ! (puis, dodelinant de la tête) ce n’est pas tous les jours que vous passez dans nos sillons.

Et bien voil? , j’avais tout simplement envie de vous voir.

Depuis le temps que l’on parle de vous, chez nous ! Et puis, je vous ai apporté quelque chose.

Et l? , le lapin s’approcha encore plus, et mit dans la main du Président une petite pierre.

Celui-ci la regarda.

C’était une pierre bleue et polie ; cela ressemblait ? un lapis-lazuli.

Il eut un gentil sourire et remercia le petit lapin.

Celui-ci s’en retourna.

On vit sa petite queue ronde qui sautillait, sautillait, pour finalement disparaître dans les premières fétuques.

Le Président dit ? mi-voix :

- c’est curieux ; je me serrais attendu de la part d’un lapin ? quelque demande anti-chasse ...

Le monde n’est pas toujours ce qu’en disent les rapports.

A cet instant, le Président s’inquiéta et dit :

- mais quelle heure est-il ?

Il me semble être ici depuis une éternité.

Il ne faudrait tout de même pas que je manque mes rendez-vous de l’après-midi ?

Merlin lui répondit :

- une éternité est le mot.

Monsieur le Président, vous êtes ici hors du temps.

N’ayez donc aucun souci de ce côté l? .

- Je peux donc encore faire un souhait ?

- Certainement.

- Et bien, j’aimerais rencontrer l’un de nos grands écrivains.

- Aucun problème, mais lequel ? Il y en a tant dans notre illustre pays ...

- Et bien disons, Guy de Maupassant !

- Ah, vous choisissez une étoile filante !

Une vie si courte, et si brillante ...

Il apparut alors un parc ombragé de grands arbres et bordé d’un muret de pierres.

Au fond se tenait un château ? un étage, frappé de plusieurs tourelles.

Une allée y conduisait.

Sur les marches de l’escalier, un enfant jouait au cerceau.

Il devait avoir huit ans.

Des cheveux bouclés ornaient son visage clair que perçait déj? un regard profond comme une nuit sans étoile.

Il portait une lavallière bleue ? pois blancs, un tailleur et une sorte de jupe, ainsi que des bottines.

Le Président s’engagea sur l’allée de sable jaune.

Il lui sembla dès cet instant, marcher avec une infinie lenteur.

L’enfant, leva la tête vers lui, et se redressa.

Lui aussi se mit ? marcher, de son petit pas, vers l’inconnu, auquel il fit un signe de bienvenue.

Mais, chose étrange, l’enfant, au fur et ? mesure qu’il avançait, changeait d’apparence.

Il grandissait.

Quand il arriva devant le Président, c’était un homme de taille moyenne, d’une trentaine d’année, au regard toujours profond, en quête d’aventure, et qui portait une forte moustache.

Il tendit une main franche et froide.

- Monsieur le Président ?

- Monsieur de Maupassant ?

- Je vous attendais depuis longtemps.

- Moi, pour être précis, j’avais aussi rêvé de cet instant, depuis longtemps.

- C’est incroyable, n’est-ce pas ?

- En vérité, oui.

- Il faudra que je songe ? en faire une nouvelle.

Notre rencontre est si peu ordinaire ! Mais en ce moment, je suis encore pris par la rédaction de mes “ Contes de la Bécasse ”.

- Si nous en parlions un peu ? J’en suis très curieux.

Nous avons en commun bien des choses je crois, notamment une bonne connaissance de ce qui doit être, et des choses de la terre.

- Je n’en doute pas, Monsieur le Président, et vous m’en voyez flatté.

- Tout l’honneur est pour moi, croyez-le ...

A propos, quand vous avez affirmé que vous “ étiez aussi un libre penseur ”, que voulez-vous dire ?

Les deux hommes s’engagèrent alors dans une allée transversale, sous les frondaisons jaunissantes des feuilles.

C’était l’automne, et les feuilles tombaient lentement sur l’allée, en tourbillons feutrés.

Quand ils réapparurent, après avoir fait le tour du château, on aurait dit deux amis.

Le grand écrivain avait même quelques gestes de familiarité, en posant sa main sur le bras du Président, et en s’arrêtant, lorsqu’il voulait exposer avec flamme un point de ses écritures.

Ils avaient abordé une foule de questions.

Ils se quittèrent devant le portail du château.

- Et surtout, dit Guy de Maupassant, n’hésitez pas ? revenir ! ce sera toujours un extrême plaisir.

Votre conversation est des plus fondées, et divertissante.

Le Président s’inclina avec souplesse, puis sortit de l’enceinte du château.

Il fit ? peine quelques pas, et se retrouva près de Merlin.

Quand il se retourna, le parc et le château avaient disparu.

Seul l’air luisait ? travers la lisière.

Merlin lui dit alors :

- Monsieur le Président, êtes-vous satisfait ?

- Comblé, Comblé, Monsieur l’Enchanteur !

Ils restèrent encore longtemps ? discuter, et ils abordèrent alors des sujets éminemment sérieux.

Comme cela touche ? des intérêts importants, ? des questions d’Etat, la forêt seule en détient le secret.

Le moment vint de se quitter.

***

Ce fut l’espace d’un instant.

Le Président était dans la clairière, assis sur une pierre plate.

Un agent apparut ? la lisière de la clairière, et descendit dans le vallon, en direction du dolmen, suivi de près par un autre.

Le Président lui lança d’un ton joyeux :

- alors, fin limier, n’est-ce pas ?

- Monsieur le Président, vous nous avez fait peur !

- Allons donc, allons donc ! C’était un test. Il a été court.

Je vous complimente pour votre efficacité.

L’agent sourit sans rien dire.

Le président se leva :

- il est dix heures un quart ...

Nous avons encore du temps ! Continuons notre promenade.

Ce sous-bois est si rempli de charmes !

A ce dernier mot, un rire frais et discret parcouru les frondaisons ; mais personne ne l’entendit.

Pas même le Président.

Les agents l’encadraient ? distance.

Chose curieuse, pour une fois, il parlait peu, et paraissait songeur.

Il se demandait d’où lui venait ce rêve.

Ce n’est qu’? l’Elysée, l’après-midi, lorsqu’il reçut la délégation japonaise, et mit la main ? sa poche.

A son immense surprise, il sentit quelque chose de dur.

C’était une petite pierre bleue, qui ressemblait ? un lapis-lazuli.

Il eut ? cet instant un sourire intérieur dont la vague éclaira son visage.

Ce fut une expression de joie si belle et si subtile que l’Ambassadeur de l’Empire du Soleil Levant pensa alors subitement que la France était le Pays du Bonheur.


9 juillet 2001, Acca, accident de chasse, Affouage, Arbre, Association syndicale, Avocat environnement, Bandite, bois, Bois communaux, Boisement, Bourdaine, Champignon, chasse, Chasse en forêt, Chemin d’exploitation, Chemin rural, Chêne truffier, Chute d’arbre, Chute de branches, Code forestier, Coupe abusive, Coupe extraordinaire, CRPF, Débardage, Débroussaillage, Débroussaillement, défrichement, dégâts de gibier, Droit de chasse, droit forestier, eaux et forêts, Engref, Entrepreneur forestier, espace boisé, Expert forestier, Expertise agricole, Exploitation forestière, Forestier, forêt communale, Forêt de protection, Forêts, glycines, Groupement forestier, incendie forestier, Inventaire forestier, L. 130-1, Mayotte, Monichon, Morts-bois, Parc forestier, peupleraie, peuplier, Plan de zone sensible, Plan simple de gestion, Poésie, Processionnaire, régime forestier, Sérot, Soumission au régime forestier, Vent violent, Voirie départementale.