L'ETRANGE METAMORPHOSE DE M. DE MAISONNEUVE
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L’étrange métamorphose de M. de Maisonneuve
La forte clarté de la pleine lune permit au Père Jean d’entrevoir ce visage.
- Bonsoir, M. de Maisonneuve !
- Bonsoir, Monsieur le Chanoine ! dit l’homme, avec un pâle sourire.
La rue était déserte, et les deux passants venaient de se croiser.
Le religieux se retourna pour voir M. de Maisonneuve s’éloigner.
Il était presque minuit.
Le Chanoine s’en retournait chez lui, après avoir assisté ? l’office du soir, puis ? une réunion du Chapitre, ce qui expliquait l’heure tardive.
- Au fait, pensa-t-il, je n’ai pas vu M. de Maisonneuve, ? l’Office.
Curieux pour un notable de sa qualité ...
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’il est absent.
Déj? , l’an dernier ... Et puis ? cette heure ... Curieux.
Il faudra que j’y veille.
Et le Chanoine reprit sa marche, le front soucieux.
Il faisait sonner ses escarpins sur les pavés bleus de la rue, évitant de marcher dans la rigole qui sillonnait celle-ci.
On était sous le règne du Roi Louis XIII, en l’an de grâce 1532.
Son éminence, le Cardinal de Richelieu menait la France d’une main de maître, et son ombre planait sur la bonne ville de Bourges où se déroulait cette scène.
Le Chanoine aurait été encore plus surpris s’il avait suivi M. de Maisonneuve, et s’il s’était aperçu de la direction prise par celui-ci.
Serré dans les plis d’une grande cape, et marchant ? pas rapide, le notable remontait la Grand-Rue et se dirigeait vers la Porte aux corbeaux, sur l’enceinte de la ville.
Son allure était décidée, et c’est ? peine s’il promenait son regard sur les côtés.
Il serrait les plis de sa cape, de sa main large et forte.
Il arriva ? la Porte, qui était flanquée de deux tourelles.
Le haut et large battant en bois clouté était fermé, par consigne habituelle.
Trois sentinelles du Lieutenant de ville devisaient ? la lueur d’une lanterne.
Elles reconnurent le notable.
- Bien le bonsoir, M. de Maisonneuve !
- Bien le bonsoir, mes amis !
- Quelle belle nuit pour se promener, M. de Maisonneuve ! rétorqua l’un d’eux.
Ils n’étaient pas loin de se poser la même question que le Chanoine.
- Certes, certes, mes amis.
Mais je n’en ai pas le temps ; j’ai ? faire ? Faizeau ; on m’y appelle, car un malheur s’y est passé.
- A cette heure ? Et vous êtes ? pied et seul ?
Le notable entrouvrit sa cape, où brillait une garde finement ouvragée :
- j’ai mon épée, et malheur ? qui m’assaillira !
Les trois hommes sourirent, car le talent de spadassin de M. de Maisonneuve était connu depuis des lustres.
L’un d\'eux tira la barre qui bloquait une petite porte aménagée dans le grand portail.
Le vent froid de la nuit s’engouffra.
- Merci mes amis !
Et le notable passa.
- Et pour votre retour ? dit une sentinelle.
M. de Maisonneuve se retourna, et son visage fut éclairé de plein fouet par la lanterne.
Il était fin et long.
Il en émanait une distinction, toute naturelle.
Le regard clair exprimait un calme, apparent, et si l’on s’y attardait, une certaine tristesse.
Il y brillait une petite flamme qui était le reflet d’un brasier intérieur.
- Je ne sais mes amis, je ne sais ! Tout dépendra de l’affaire.
- C’est pour vous, Monsieur.
Vous le savez bien ! Si vous rentrez dans la nuit, il faudra, comme on dit en campagne, montrer patte blanche ! Mais nous, on est de garde jusqu\'? l’aube.
On vous reconnaîtra.
- cela vous évitera un carreau d’arbalète ! dit une autre sentinelle, en riant.
- Dieu m’en garde, mes amis ! Dieu m’en garde !
Il ne croyait pas si bien dire.
Il s’enveloppa dans sa cape, et dans les plis de la nuit.
***
Il marchait sur la grande chaussée qui conduit ? la ville, au faubourg.
Devant lui, la campagne s’étalait.
Au loin, sur la gauche, une ligne sombre bordait l’horizon.
C’était la forêt de la Corne, qui ? cette époque, était vaste et touchait presque ? la ville.
M. de Maisonneuve pressait le pas.
A l’enfourchure du chemin qui mène ? main droite au bourg du Faizeau, curieusement, il ne le prit pas.
Sans hésiter aucunement, il prit l’autre voie.
Devant lui, la ligne sombre de la Forêt grandissait.
Si le Chanoine avait été l? , ses inquiétudes auraient fait de même.
Car les forêts, ? cette époque, en temps de nuit, avaient mauvaise réputation.
Et cela était fondé.
Les brigands, les routiers, y pullulaient.
Et il y avait pire.
M. de Maisonneuve n’en avait cure.
Au contraire, son pas était assuré.
Il connaissait parfaitement sa voie, comme s’il l’avait déj? parcourue.
La nuit ne le gênait pas ; la pleine lune rayonnait.
Il aborda la lisière, où l’ombre se faisait épaisse.
Il remonta l’allée centrale, qui servait ordinairement aux équipages de chasse.
A l’angle d’un vieux chêne, il tourna sur sa gauche, et s’avança sur une sente.
Il bifurqua encore deux fois, pénétrant plus profondément dans la forêt.
Il arriva alors dans une petite clairière baignée de clarté lunaire.
Il y avait une touffe de trois vieux ormes accolés.
M. de Maisonneuve se dirigea vers eux. Dans l’interstice des trois troncs s’ouvrait un trou.
Le notable y plongea la main, et chercha un peu.
Il en ramena un pot et revint au centre de la clairière.
Si le Chanoine avait vu cela, il aurait ordonné que M. de Maisonneuve fût brûlé, après procès.
Et cela, le notable le savait très bien.
C’est pourquoi, il avait été un peu gêné ? Bourges de croiser l’ecclésiastique.
Par ailleurs, changer de nature lui était impossible.
Cela l’avait pris sur ses vingt ans, par surprise.
Il en avait été le premier étonné.
Puis l’habitude était venue, avec le besoin.
Il savait ce qui l’attendait, s’il était pris.
Mais il redoublait d’attention.
Personne encore n’avait remarqué combien ses ongles étaient usés.
Si, une fois, il avait eu une remarque, sur son pouce gauche, dont l’ongle était long.
De temps ? autre, il faisait semblant de se les rogner.
Chez lui non plus, personne ne s’en doutait.
Ce n’était pas difficile, il évitait de faire venir ses maîtresses les nuits de pleine lune, et surtout ? l’avent.
Il sortait par une fenêtre de derrière, aucun domestique n’étant ainsi réveillé.
On le plaisantait dans son ordre sur le fait qu’il ne soit pas marié ; mais on admettait facilement qu’un bel homme comme lui ne le fut pas, au regard de ses belles maîtresses.
Lui, n’avait rien contre.
Mais certaines nuits, ce n’était pas l’amour qui l’animait, c’était le contraire absolu, une haine étroite, qui lui broyait les entrailles, cette haine qui remontait jusqu\'? sa bouche dans une salive noire.
Et cela aussi, ? d’autres moments le rendait triste, et donnait ? son regard cette expression mélancolique, qui attirait tant les jolies femmes, et pas que de sa condition.
Si elles avaient su ...
***
M. de Maisonneuve ôta son épée.
Il déposa ensuite son chapeau, puis sa cape.
Il desserra les boutons de son justaucorps argenté, et se dévêtit entièrement.
En homme précis et ordonné, il plia soigneusement ses vêtements, les mit en tas, qu’il plaça dans l’enfourchure des trois ormes.
Il les dissimulait, afin de les retrouver ? l’aube.
Puis il ouvrit le couvercle du pot, et y plongea deux doigts.
C’était un onguent pâteux et bleuâtre.
Méticuleusement, il s’enduisit le corps.
Avec son beau visage, et dans sa nudité, il ressemblait ainsi ? quelque statue grecque d’Adonis.
Il referma soigneusement le pot, qu’il plaça également dans l’enfourchure.
Cela aussi devait être caché.
Puis, il se replaça au centre de la clairière, s’agenouilla, traça un cercle sur le sol, ainsi qu’une figure inconnue, qui lui était venue dans l’autre vie.
Il se plaça dans le cercle, et prononça quelques mots.
Alors l’incroyable se produisit.
Comme il se produisait de nombreuses fois dans toutes les forêts du royaume cette nuit l? .
Car M. de Maisonneuve n’était pas un cas isolé.
Cela ne prit que quelques secondes.
Il se couvrit de poils.
Ses bras s’allongèrent, ses oreilles aussi.
La pupille des yeux devint comme un croissant de lune, et lançait des éclairs.
Ses canines s’allongèrent, et une bave noire s’écoula de sa gueule.
Il se mit ? quatre pattes, releva la tête vers la lune, et se mit ? pousser un long hurlement.
M. de Maisonneuve était devenu un loup, plus grand que les loups ordinaires.
De ceux que l’on surnommait, ? cette époque, “ loup-garou ”, car il fallait s’en garder, ils étaient pires que les bêtes sauvages.
***
Dans le lointain, d’autres hurlements sombres trouèrent la nuit.
M. de Maisonneuve frémit de tout son corps, et de ses pattes puissantes, aux griffes usées par les longues courses nocturnes, il partit au galop.
Il retrouvait avec une joie profonde et enfiévrée la force d’une vie sauvage qui courrait dans ses veines.
Le sang noir tapait dans son tréfonds comme un tocsin.
Ses dents blanches aux canines acérées luisaient dans la pénombre.
Il était en chasse.
Au détour d’une allée, un loup gris se présenta ? lui.
Une lueur verte qui brûlait au fond de ses yeux suffit ? indiquer au grand loup un congénère.
C’est ? peine s’ils se frottèrent le museau en signe de reconnaissance.
Ils continuèrent leur course.
Au fur et ? mesure qu’ils progressaient, ils rencontraient d’autres loups.
Ce fut une meute qui sortit ainsi du bois, et gagna l’intérieur d’un champ.
La lune était pleine et faisait comme un grand cercle de lumière, ? l’intérieur duquel les loups se rangèrent, de manière ? se faire face.
L’un d’eux se plaça au centre.
A l’aide de ses griffes, il traça sur le sol quelques signes, dont seul un sorcier aurait pu connaître le sens.
Tous les loups-garous se mirent alors ? hurler, en levant la tête vers le ciel nocturne.
Il y eut alors une fumée qui monta de la terre, fine et légère, en tourbillons.
Elle flottait au-dessus du sol, inerte, informe.
Quand un rayon de lune la frappa, elle s’éclaira d’une étrange silhouette, qui soudain se matérialisa.
Elle avait les cheveux de même teinte qui descendaient jusqu\'? sa taille.
Son visage était sans expression, sans le moindre sourire et sans la moindre haine, et son regard fixe se perdait dans l’autre monde.
Dessous sa peau battait le clair de lune, qui attendait le sang chaud et fort, pour animer ce corps flétri.
Une odeur infernale, une puanteur sans pareille exhalait de cette créature.
A sa vue, tous les loups frémirent et leurs yeux scintillèrent.
Ils se couchèrent sur le sol.
Ils attendaient visiblement un ordre.
La femme rouge chevaucha le grand loup, et ses fines jambes encerclèrent la rude toison.
Puis, elle leva un bras vers un point de l’horizon, et rejetant la tête en arrière, poussa une sorte de hurlement aigu et sinistre.
La meute lui répondit.
Puis tous ensemble s’ébranlèrent dans la direction indiquée.
C’était un spectacle prodigieux de voir cette meute de grands loups voler au-dessus des labours, cette longue course puissante et feutrée, et ce grand loup en tête, monté de cette femme dont les vêtements pâles flottaient au vent.
Ils arrivèrent dans un hameau isolé.
Ce fut une tuerie.
Les loups s’attaquèrent d’abord aux chiens, qui étaient en petit nombre, et furent vite égorgés.
Les loups léchaient le sang qui s’épanchait des corps.
Puis quelques loups se ruèrent sur une cabane en bois, et sous le poids du nombre, celle-ci s’effondra.
Il y avait ? l’intérieur un paysan, qui se leva d’entre les décombres.
Trois loups lui sautèrent dessus ; sous le poids, l’homme s’effondra, et malgré sa vigueur, ne tarda pas ? succomber sous les morsures.
La femme rouge s’approcha alors, et les loups s’écartèrent.
Elle commença son horrible besogne.
Au fur et ? mesure que le sang de l’homme passait dans ses veines, sa peau s’enluminait de lueurs palpitantes.
Quand elle se leva, animée d’une puissante houle, l’homme au sol était comme un spectre.
Et la sinistre chasse continua.
De grandes clameurs de terreur s’élevèrent.
Il n’y eut ni homme, ni bête, qui dans ce pauvre hameau ne subsista.
La sinistre meute dévorait tout.
Quand elle fut rassasiée, la meute se réunit.
Ce n’était que gueules maculées de sang, et dont les longues canines jaillissaient comme des poignards.
La femme rouge remonta alors sur le grand loup, et donna le signal du retour.
C’est alors qu’un coup de feu claqua.
Il était parti d’une construction en pierre, flanquée d’une tourelle.
Un saint homme habitait l? .
Les loups-garous n’avaient pu y pénétrer, car elle était ? leurs yeux maudits, invisible.
Son seuil était frappé d’un crucifix, et l’eau bénite qui aspergeait le sol, les repoussait.
L’homme était juché sur la tourelle.
Il avait une arquebuse, et faisait feu en connaisseur de la malédiction.
Un loup tomba, frappé mortellement.
La femme rouge avait immédiatement compris, et la meute prit son galop.
Mais un deuxième coup de feu claqua, qui alla frapper un autre loup.
***
Quand M. de Maisonneuve retrouva la clairière des trois ormes, ses crocs étaient encore ensanglantés, une mauvaise bave s’écoulait de sa gueule, et il boitait.
Il se dressa péniblement sur ses pattes de derrière, et ? l’aide de ses griffes, il ramena le pot, dessous son paquet de vêtements.
En se passant l’onguent, il se redressa, reprit forme humaine, et son visage fin s’éclaira sous la lune finissante.
Il se hâta de se vêtir, car le fond de l’air était frais.
L’aube se levait.
Quand il fut sur l’allée centrale, le soleil levant l’inonda de lumière.
Cela lui fit du bien, le réchauffa.
Mais il avançait péniblement, car sa jambe lui faisait mal.
Il mit du temps ? parvenir ? la Porte aux corbeaux.
Il avait du s’arrêter maintes fois.
A cette heure, il n’y avait plus de garde ; c’était la cohue habituelle des paysans qui rentraient dans la cité en apportant leurs produits, des commerçants ou artisans qui hâtaient leur équipage pour aller au marché, et des habituels gens d’arme qui vaquaient ? leurs missions.
Aussi l’entrée de M. de Maisonneuve passa totalement inaperçue.
Comme sa jambe le faisait souffrir, il évita la Grand-Rue, et pour regagner sa maison, passa par des ruelles.
Il entra par une fenêtre de derrière, monta l’escalier, et s’allongea sur son lit.
Peu de temps après, Jérôme, son premier valet, vint ouvrir les volets.
Il savait que son maître était un lève tard, et ne s’en étonnait jamais, attribuant cela aux galanteries de la nuit.
Jacques de Maisonneuve prit son repas matinal.
Il mangea comme ? l’accoutumée, deux œufs, du lard, et du pain noir.
Les journées suivantes passèrent sans qu’il fut repris par sa fièvre nocturne.
Mais il constata que sa jambe enflait rapidement.
Il avait aussi une sorte de mal de tête.
Il dut annuler ses affaires.
N’en pouvant plus, il fit venir son barbier-chirurgien.
Celui-ci était un homme éclairé : c’était un disciple d’Ambroise Paré. Il ne croyait pas aux sorcelleries, et n’expliquait pas les douleurs du corps par des causes cabalistiques.
De son maître, il avait étudié tous les ouvrages, dont la fameuse “ Méthode de traiter les plaies faites par les arquebuses ”.
Comme il était aussi bien praticien que théoricien, il était le chirurgien attitré de la garde de Ville.
Et puisque les coups de feu n’étaient pas rares, il avait déj? eu l’occasion d’extraire des projectiles.
En examinant la cuisse enflée de M. de Maisonneuve, il n’eut donc aucun mal ? établir son diagnostic.
Il plaisanta son patient sur son goût des armes, qui était établit.
Par courtoisie et discrétion, il ne demanda toutefois par la cause, imaginant quelque duel pour une belle cause.
Dans l’après-midi, il fit néanmoins venir son assistant.
Après avoir fait boire ? M. de Maisonneuve un certain breuvage, quelque peu anesthésique, après avoir immobilisé la jambe par d’étroites ligatures, il incisa prestement la peau, et c’est ? faible profondeur qu’il trouva le projectile.
Il le sortit ? l’aide d’une pince, le déposa dans une coupe, cautérisa la plaie ? vif, et recommanda ? son patient quelques jours de repos.
Il sortit de la maison, le front quelque peu soucieux.
M. de Maisonneuve était de robuste composition.
Il ne lui fallut que deux semaines pour récupérer l’usage total de sa jambe.
Un certain soir, il sentit remonter en lui son étrange fièvre noire.
Toutefois, alors qu’il s’apprêtait ? sortir, on frappa ? sa porte.
Il fit ouvrir.
C’était un lieutenant de la garde de ville, qu’il connaissait.
Il lui tendit la main, l’autre la serra, sans cette expression courtoise qui passait d’habitude entre eux.
Il avait l’ordre de l’amener chez le Prévôt.
M. de Maisonneuve protesta.
Mais le lieutenant lui montra un mandat officiel.
Lors du procès, on fit venir un ecclésiastique expert en d’autres procès de lycanthropie.
On examina longuement les ongles et les doigts de l’accusé.
Le chanoine Jean de l’Orme fut particulièrement véhément, et développa un réquisitoire dans les plus parfaites règles du droit canon.
Jacques de Maisonneuve se défendait ardemment ; il sortait ses griffes.
Mais quand on apporta la pièce ? conviction, un grand murmure se fit dans la foule du tribunal.
La balle extraite de la jambe passa entre les mains des juges, qui l’examinèrent.
Elle était incontestablement en argent, frappé d’une croix.
Seul un tel projectile pouvait trouer le cuir d’un loup-garou.
Celui qui l’avait tiré n’eut aucun mal ? reconnaître un des projectiles qu’il avait façonnés.
Il attesta qu’il avait tiré sur un loup lors de la sinistre nuit. La preuve était ainsi apportée.
M. de Maisonneuve s’assit sur la chaise d’accusation.
Tout autour de lui s’effondrait.
Même sa plus fidèle compagne voilait son visage.
Le premier magistrat ordonna alors la preuve finale.
Le chirurgien-barbier s’approcha de l’accusé qu’on immobilisa.
Il fit une incision au bras.
Le sang s’écoulait lentement et faisait des taches sombres sur le pavé de marbre.
Au bout de quelques minutes, M. de Maisonneuve se raidit.
Il se couvrit de poils.
Ses bras s’allongèrent, ses oreilles aussi.
La pupille des yeux lançait des éclairs.
Quand il se mit ? quatre pattes, et qu’une bave noire s’écoula de sa gueule, le chirurgien, les aides, la foule du tribunal se reculèrent grandement dans un haut cri d’effroi.
L’ecclésiastique approcha lentement, brandissant un crucifix noir.
Le loup était comme fasciné, et statufié par la sainte image.
Alors, l’ecclésiastique tira de sa manche droite une fiole, et en jeta le contenu sur le loup.
M. de Maisonneuve reprit son apparence, choqué, et hué par la foule, prise d’un soudain sursaut de vengeance.
On dut faire donner la garde pour la contenir.
Le tribunal prononça la sentence.
***
Les maisons, domaines, biens immeubles et meubles de M. de Maisonneuve furent confisqués.
Jacques de Maisonneuve fut brûlé en Place de Ville, par ce matin ensoleillé du 15 août 1532.
***
Quand les flammes commencèrent ? lécher son corps, il mourut.
Tous virent alors, un long corps de femme au visage fin et pâle, au regard sans âme, qui s’évanouissait dans la fumée tourbillonnante.
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