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LA COLLINE MAGIQUE

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LA COLLINE MAGIQUE

La colline magique

Xu-Phong était jeune et naïf comme un (p)oison blanc.

Un jour, au bord d’une rizière que bordait un ciel rosé par le couchant, il fit la rencontre décisive de Sa Vie.

C’était un moine vêtu de noir, appuyé sur un bâton. Il passait comme un oiseau sur le paysage, sans laisser de trace, sans un chant, sans un cri. Dans le vent de ses yeux flottait un fin sourire.

On ne sait ce qui saisit Xu-Phong Ã? ce moment lÃ? .

Il aurait mieux fait de continuer � planter le riz. Mais ce fut comme si son destin l’obligeait � lever la tête.

Sa langue se délia et il dit :

- Eh, toi ! où vas-tu ? et qui es-tu ?

Le moine s’arrêta, s’appuya, et regarda Xu-Phong qui, s’il avait été plus perspicace, aurait vu s’allumer une lueur de moquerie dans ses yeux.

Il répondit :

- Nulle part et Rien.

Xu-Phong ouvrit la bouche, comme une carpe argentée par la lune qui croit gober une étoile en sautant après son reflet.

Son entendement était d’ailleurs aussi petit que celui du poisson.

Toutefois, du fait qu’il n’avait rien compris, il en déduisit que le moine lui était supérieur en pensée. Il avait cette intelligence-l� .

Il aurait dû tourner les yeux vers ses pieds qui baignaient dans l’eau.

Mais non, son mauvais génie l’agitait, comme le souffle du feu le fait des feuilles qu’il va ensuite consumer.

Il ajouta, en clignant des yeux, tic qu’il garderait jusqu’au dernier instant :

- Dis moi une vérité. Dois-je passer ma vie � planter du riz ?

Le moine, qui avait fait voeu de pauvreté, comme la branche de cerisier qui se dépouille de sa parure de fleurs au vent du temps, réfléchit un instant.

Puis il leva le bras en désignant un point sur l’horizon, et dit :

- Vois-tu cette colline mauve, l� -bas ? Si tu veux avoir la réponse � ta deuxième question, vas-y !

L� , le moine s’appuya fermement sur son bâton, comme s’il allait prendre racine.

- Ta vérité, la voici : n’y vas pas.

La carpe ouvrit une véritable gueule ; on eût dit qu’elle avait gobé la lune.

Sauf qu’après un tel repas, elle aurait dû être plongée dans une illumination intérieure.

L� -dessus, le moine reprit sa marche, � l’allure de scarabée bleu, qui roule sa boule devant lui.

Mais � dire la vérité, il ne poussait rien, ni ne traînait aucun boulet. Il était vent.

Xu-Phong voulut le héler � nouveau, pour lui demander quelques explications. Son cerveau était un rocher creux où le vent s’engouffrait en hurlant (de rire).

Mais s’il y avait manifestation d’un mouvement, ce n’était souvent qu’un écho d’une force venue d’ailleurs.

Un certain vide le peuplait. A son crédit, c’est d’ailleurs pourquoi il lui arrivait, une fois tous les ans, de poser une question.

Le moine s’éloignait, porté soudainement par un souffle léger qui le faisait marcher plus vite que ses pieds.

C’était une feuille de roseau qui voletait au loin.

Un léger vent faisait flotter sa robe, comme il bat les ailes du papillon qui s’abandonne.

Xu-Phong finit sa plantation, puis s’assit sur la berge.

Il était songeur. L’eau clapotait.

Sa pensée aussi. Elle était en ébullition.

Le ciel, derrière lui, s’ornait de longs filets roses, comme une bannière qui flamboie.

Etait-ce son crépuscule, ou son aurore ? Lui, penchait pour l’aurore.

Il pencha si fort dans cette réflexion qu’il tomba � l’eau.

Quand il reparut, il avait ce qu’il crut être une révélation.

Il se mit debout, pointa un doigt mouillé vers la colline, et dit d’un ton, inconnu jusqu’ici dans son humble nature, comme s’il partait � la conquête de la Cité Interdite :

- J’irai ! Il avait franchi son Rubicon. Hélas, ce n’était pas un fleuve, mais un ruisseau fin comme le fil de l’araignée. Mais l’araignée est mue par son instinct, infaillible.

***

Le lendemain, � son habitude, il s’éveilla tard.

Les brumes matinales s’étaient effilochées en nuages qui flottaient au-dessus des rizières.

Le soleil faisait sa toilette au miroir des eaux.

Un bœuf noir broutait des jacinthes.

Xu-Phong fit son baluchon, rapidement. Il n’avait plus ni père ni mère, et sa fortune se réduisait � un jeu de ma-jong.

C’était un double malheur pour lui que d’être pauvre de matière et d’esprit.

Il saisit un bâton, comme le moine, et se mit en marche.

Il ne fut pas long Ã? atteindre le pied de la colline.

Chose étrange, vue de loin, la colline était modeste ; tandis que l� , son sommet se perdait dans les nuages.

Xu-Phong n’en fut pas découragé.

S’il avait hérité d’une vertu foncière, c’était bien celle-l� : il était opiniâtre.

En bon planteur de riz, il savait qu’au début du champ, il ne fallait pas regarder loin, mais au contraire devant soi, � ses pieds.

D’ailleurs, pouvait-il en être autrement ? C’est bien l� , d’ailleurs une grande injustice dénoncée par ce récit.

La pente était douce et infinie. Aussi loin que la vue puisse porter.

- et par une sorte de mirage bien naturel, c’était très court

- se dévidait un écheveau de marches roses et vertes parfumées d’Ylang-Ylang. Xu-Phong respira � plein poumon, et commença � les gravir.

La première personne qu’il rencontra fut un mandarin.

Il était vieux comme de l’ivoire jaune. Un sourire filait sur son long visage, comme la fine vague marine au bord du rivage.

Ses dents de corail luirent quand il parla :

- Comment s’écrit ton nom ?

Xu-Phong devint rouge comme une carpe impériale, et, d’une faible voix, avoua qu’il ne savait pas l’écrire, pas plus qu’autre chose.

A quoi sert d’ailleurs de savoir écrire pour un planteur de riz ? Le mandarin lui répondit :

- Veux-tu donc rester planteur de riz toute ta vie ? Sinon, pourquoi es-tu venu ici ? Il te faut apprendre � lire et � écrire !

Le dragon vert frappé d’un chrysanthème aurait surgi sous les pieds du vieux sage que Xu-Phong n’en aurait pas été plus surpris.

Lire et écrire ? Mais personne autour de lui ne savait.

A l’idée qu’il pourrait acquérir cette importance, il commença � gonfler comme un poisson-lune.

Il répondit :

- Enseigne-moi !

Le vieux sage lui répondit qu’il n’avait qu’� continuer � monter les marches en lisant les écriteaux et en écoutant les voix.

Sur ce, le mandarin s’évapora en volutes.

Mais Xu-Phong écouta ses conseils, et les suivit.

Il trouva quand même � la longue que c’était un peu pénible.

A chaque marche, il y avait un enseignement, car l’écriture chinoise est comme une longue file de chenilles processionnaires : elle n’en finit pas. La pente aussi était moins douce. Toutefois, la difficulté accroissait Xu-Phong.

Il se mesurait � l’obstacle. Et c’était l� sa seconde qualité : il était âne.

Comme un bon âne, il aimait � porter des charges Plus on le chargeait, plus il en était heureux.

Par ailleurs, sous l’angle de l’entendement, l’âne lui était un proche parent.

On le verra, quand parvenu au faîte de sa puissance, il poussera un long braiment de triomphe vers la cime des cieux, inconscient de ce qui l’attend.

Au grand amusement des Dieux, qui seuls ont une belle vue (c’est d’ailleurs normal, étant plus haut placés).

Le sable fin s’écoula dans le sablier de Sa Vie quand il atteignit une marche où se trouvait un gigantesque panneau. Une voix lui souffla de tout lire.

Il y réussit. Il avait son permis de lire.

Il n’y avait personne pour fêter cela. Mais comme il vivait seul avec lui-même, un sage aurait pu lui faire remarquer qu’il vivait avec lui, et donc � deux, si ce n’est � trois avec sa solitude.

En tout cas, il se parla � lui-même, preuve qu’il n’était pas seul, tant il est vrai que le langage est communication, nécessairement avec l’autre.

Par ailleurs, qui peut se flatter de se connaître ? L’ignorance de soi n’est-elle pas preuve de l’ailleurs, et donc de l’autre ?

Alors il se félicita, puisqu’il n’y avait personne d’autre pour le faire.

A peine avait-il achevé cette tâche gratifiante, qu’il se trouva � un carrefour.

Le mandarin aux dents de corail se trouvait sur la voie de droite.

Un moine dépenaillé au regard de braise enchâssé sous des arcades sourcilières, ayant une profondeur de cratère volcanique, était assis � gauche.

Le mandarin parlait, le moine non.

Xu-Phong n’écouta que ses oreilles, qu’il avait � ce moment fort longues

- et le lecteur ne s’en étonnera pas.

Il prêta attention aux paroles du sage qui lui disait :

- Mon ami, tu as maintenant ton outil. Mais que vas-tu en faire ? Crois-moi : acquiers des connaissances, tu apprendras le Savoir, et avec lui ta propre liberté ! En vérité, ami lecteur, qui pourrait dire le contraire ? justement, sur l’autre voie, le moine dépenaillé murmura, d’un ton presque inaudible :

- La sagesse ne s’enseigne pas. Elle est partout, � travers le monde.

La fleur de cerisier est-elle folle de se couvrir de sa dentelle qui flotte au printemps ?

Mais le bon âne n’entendit pas ce murmure, qui vint s’échouer � ses pieds, comme un chien se couche tristement en silence.

Il prit la voie de droite, bordée de manuscrits, qu’un vent léger feuilletait de ses caresses.

C’était l’invitation. Xu-Phong se laissa tenter, et tout en montant une marche, s’empara d’un livre.

Le moine le regarda s’éloigner, et se rappela cette phrase : n’est-il pas vrai que chaque livre te détourne de la réalité ? Comment donc peux-tu atteindre la vérité du vin, si ce n’est en le buvant ? Cet Esprit des Hautes Cimes était inaccessible. Pourtant, Xu-Phong gravissait la montagne.

Lire, lui prit du temps. Beaucoup, car d’une part il comprenait lentement, et d’autre part, son ambition était démesurée.

Aussi, il vieillit quelque peu. Sans s’en rendre compte.

Mais il acquit une connaissance. En fait, il s’alourdissait, de l’intérieur, et même de l’extérieur, car l’effort physique était modéré.

Bien plus tard, sur le bord du chemin, il rencontra un dragon vert, de plusieurs mètres de haut.

Un dragon de jade, dont la peau soyeuse luisait � la lumière.

Il était si beau que Xu-Phong en fut émerveillé.

Il n’avait jamais vu si belle chose.

L’envie monta dans ses veines comme un tsunami au galop.

Mais le dragon était trop gros. Heureusement, c’était les portes du Pays de Jade.

Des statuettes de toutes tailles, et de mille motifs, étaient posées � même le sol, � l’ombre de genévriers aux boules d’ébène.

Xu-Phong devint un aigle : un rapace, ses yeux brillaient. Il s’empara d’une statuette, pour la délaisser un peu plus loin au profit d’une autre qu’il trouva plus jolie. Il sortit du Pays de Jade l’esprit chargé de ses connaissances, et les bras du butin qu’il avait collecté.

Comme il avait eu beaucoup de tentations, cela lui avait pris un certain temps.

Une bouffée d’air frais l’accueillit.

Xu-Phong la respira Ã? pleins naseaux.

A cette altitude, les nuages s’effilochaient sur la colline en fines étoffes claires qui filaient au vent comme des cavaliers � l’assaut d’une place.

Xu-Phong en écarta quelques-uns de sa main, et regarda. Normalement, l’échappée aurait dû lui laisser voir quelques lambeaux de la plaine au bout de laquelle la rizière étalait son miroir.

Mais chose curieuse, il ne vit rien qu’un brouillard de particules qui s’irisaient de lumière, comme de petits poissons arc-en-ciel.

Ses cheveux s’ornèrent de gouttelettes cristallines comme s’il avait plongé la tête dans une rivière.

C’était agréable.

Il ne comprit pas ; il ne comprit rien.

Tout lui échappait. Il ne voyait pas plus au loin qu’en lui.

Le moine déguenillé avait-il donc raison ? La connaissance ne rendait-elle pas aveugle ? Xu-Phong cligna des yeux quand une gouttelette y pénétra ; pour le moins, il était borgne.

L’interminable escalier le conduisit au Pays des Esclaves.

C’était un lieu peuplé d’hommes et de femmes, qui attendaient qu’on les prenne.

Xu-Phong n’avait jamais rien vu de tel.

Dans son pays, l’esclavage officiel était inconnu.

On possédait des porcs, pas des hommes - encore qu’un sage avait jadis prétendu que c’était parfois la même chose.

Il fut donc attiré et commença son choix. C’était intéressant, car l’esclave se déplaçait tout seul. Il fut bien sûr frappé par la beauté des femmes, et son sang de porc se figea presque dans ses veines.

Il fit le plein, pour mieux se vider ensuite.

Il prit aussi quelques hommes, pour l’aider.

Ce fut donc � la tête d’une cohorte qu’il atteignit le sommet de la colline.

Les derniers mètres furent rudes.

On ne savait pourquoi.

Mais, en définitive, toute cette montée avait été fatigante, et avait pris du temps.

Xu-Phong, en approchant de la cime, pensait Ã? quelque chose de merveilleux.

Il avait entendu tant de récits, sur les banquets des Dieux, au sommet des montagnes ! Sa profonde connaissance de la mythologie chinoise, acquise au cours de la montée, lui laissait pressentir des choses extraordinaires.

Il vérifia que sa tenue était correcte.

Il lissa ses cheveux comme un rayon de nuit sous la clarté lunaire.

Il prit son air le plus aimable, quoique son cœur ne l’eût jamais prédisposé � cela.

Il était faux de nature, mais savait composer, connaissance utile dans le monde.

Mais ce caractère bancal, cette balance, ne lui permettait pas de soulever le Monde.

Il se croyait maître, et n’était qu’esclave. Il claudiquait, � l’aveugle.

Il fut surpris quand sortant de la côte, il mit le pied sur le plat. Il fut même déçu.

Il n’y avait rien. Rien, hormis un grand arbre. Un figuier.

Immense. Il montait jusqu’au ciel, bleu, au dessus. Xu-Phong en eut même le vertige quand il détourna le regard des hauteurs (il était d’ailleurs naturel que toute hauteur lui donna le vertige ; les astronomes chinois disent que pour tourner autour d’un astre lumineux, toute planète doit être d’un certain poids).

Il y avait un singe.

Rose avec des babines bleues.

Il paraissait sourire.

Xu-Phong qui avait beaucoup étudié savait que les singes ne parlaient pas.

C’est � peine donc s’il lui adressa un regard, méprisant.

Le narrateur de ce récit n’osera pas dire qu’il avait en face de lui son reflet supérieur, tant par la branche sur laquelle il était assis, qu’au sens figuré, ce qui est plus humiliant pour l’homme qu’était indiscutablement Xu-Phong, du moins dans son apparence.

Aussi, quel ne fut pas son esbaudissement (pour un baudet, me direz-vous, c’est naturel !) quand il entendit que la bête lui adressait la parole, et de plus en ricanant :

- Oh noble érudit ! Sais-tu seulement sur quel chemin tu es, et ce que tu viens chercher ici ?

Xu-Phong ne s’était jamais posé la question. Au demeurant, il ne s’en posait guère, et n’en posait pas non plus aux autres.

Si la veille il en avait posé une au moine qui passait près de la rizière, c’était - nous l’avons dit

- une Révolution intérieure.

Les apparences étaient ce qu’elles sont : il gravissait une colline, depuis un certain temps, assez long, et était arrivé au sommet.

La belle affaire ! de poser une question aussi insolite, philosophique, et vu la branche du figuier, phylosophique.

Aussi, revenu de sa surprise, il répondit d’un ton toujours méprisant :

- Et toi, qui es-tu, et que fais-tu lÃ? ?

- Moi, répondit l’autre, je suis le messager des Dieux ! Vois-tu cet arbre ? Il conduit au sommet du ciel, l� où vivent les Dieux.

Quand il prend l’envie � l’un d’eux de descendre sur la terre, c’est par cet arbre qu’il passe, pour descendre et pour remonter.

Moi, je leur suis utile, car bien qu’étant singe, je grimpe facilement dans les branches, et bien des fois j’ai empêché l’un de ces maladroits de tomber.

Car crois-moi si tu veux, ils manquent d’adresse.

Et puis, je leur sers aussi de guet, car ils aiment bien voyager incognito.

Xu-Phong, qu’un vent de folie emportait toujours plus haut posa alors cette question :

- Ne puis-je moi-même y monter ?

Le singe cligna des yeux et rétorqua :

- N’as-tu donc rien compris ?

Xu-Phong entendit � peine cette réponse, et commença � monter dans l’arbre.

A peine était-il � peu de hauteur qu’il se retrouva par terre.

- Tu vois, tu es trop lourd ! lui jeta l’autre.

Xu-Phong, devenu rouge comme une Pivoine de Chine, renouvela sa tentative, sans plus de succès.

Le singe riait de toutes ses canines blanches entre ses grosses lèvres roses.

Xu-Phong en fut si vexé, qu’il jugea digne de s’en aller sans proférer un mot.

Quand il fut hors de sa portée, les yeux verts du singe riaient d’éclats scintillants comme des galets d’émeraude au fond d’une rivière. Il susurra :

- Pauvre niais ! N’as-tu donc pas reconnu dans le moine dépenaillé, et dans celui du carrefour, le Dieu qui est descendu hier de cet arbre ? Tu ne vas pas tarder � apprécier sa farce ! Cette dernière vanité de Xu-Phong lui avait pris encore quelque temps.

Il s’avançait au bout de cette plénière du sommet.

Il était donc parvenu au plus haut point de la montagne.

Il en était étonné, tout comme la brume solitaire qui peuplait cette hauteur de son profond silence, troué du chuchotement des Dieux dans les ramilles du figuier.

Qu’était donc cet être si balourd ? Que faisait-il l� ? Les peuples de la brume se posaient ces questions, mais un fin sourire courut � travers les nuages lorsque le pas du Dieu se fit entendre.

Le moine dépenaillé apparut.

Il marchait dans une forêt de nuages, et ses pieds semblaient se poser sur des mousses ; il écartait de fines lianes de rosée qui refermaient sur lui leur manteau de pluie.

Il passait. Dans ses yeux, deux lueurs brillaient, l’une de pitié, l’autre rieuse. Manifestement, il voulait s’amuser.

Xu-Phong hésita un instant, puis entreprit de descendre.

Quelque chose lui paraissait bizarre.

Il n’était pas libre de ses mouvements.

Il était même contraint. Quelque force supérieure l’entraînait � descendre de ce côté l� , qui n’était pas le même que celui par lequel il avait gravi la montagne.

Et puis, curieusement, il lui sembla être essoufflé.

La pente aussi était plus inclinée.

La colline était donc asymétrique.

Il descendit plus vite.

Au début, cela n’était pas gênant, car il n’y avait guère d’obstacles.

Quelques arbres, ici et l� , qui d’ailleurs se raréfiaient en descendant.

Xu-Phong courait presque.

Il était emporté par son propre poids.

Le paysage filait autour de lui, sans qu’il pût y porter attention.

Et d’ailleurs, en avait-il seulement l’intention ? Il éprouvait une sorte d’indifférence, grandissante.

Il s’abandonnait � cette montagne.

Il s’essoufflait de plus en plus.

Vers la fin, il trébucha, et se mit � rouler.

Il descendit la montagne dix fois plus vite qu’il ne l’avait gravie.

Quand il arriva en bas, la terre s’entrouvrit, et il disparut sous les mousses.

Parmi elles, un coléoptère marchait délicatement.

Le soleil faisait briller dans ses ailes de nuit le reflet d’une étoile.

A la surface d’une flaque d’eau pure, le visage éclairé du moine apparut. Il y eut comme un ricochet rayonnant � la surface de l’eau, et ces mots simples montèrent :

- Pauvre Xu-Phong ; tu viens de parcourir la colline de ta Vie.

La première partie en est longue et ardue.

Le midi de ta course t’a surpris.

La seconde partie est courte et rapide.

Et l� aussi, tu t’es laissé surprendre ! Sur l’eau un pétale tomba.

Non loin de l� , le printemps couvrait un cerisier d’une dentelle rose.


9 juillet 2001, Acca, accident de chasse, Affouage, Arbre, Association syndicale, Avocat environnement, Bandite, bois, Bois communaux, Boisement, Bourdaine, Champignon, chasse, Chasse en forêt, Chemin d’exploitation, Chemin rural, Chêne truffier, Chute d’arbre, Chute de branches, Code forestier, Coupe abusive, Coupe extraordinaire, CRPF, Débardage, Débroussaillage, Débroussaillement, défrichement, dégâts de gibier, Droit de chasse, droit forestier, eaux et forêts, Engref, Entrepreneur forestier, espace boisé, Expert forestier, Expertise agricole, Exploitation forestière, Forestier, forêt communale, Forêt de protection, Forêts, glycines, Groupement forestier, incendie forestier, Inventaire forestier, L. 130-1, Mayotte, Monichon, Morts-bois, Parc forestier, peupleraie, peuplier, Plan de zone sensible, Plan simple de gestion, Poésie, Processionnaire, régime forestier, Sérot, Soumission au régime forestier, Vent violent, Voirie départementale.